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Manger bio… Ça sert à quelque chose ?

Par C. l'air du temps

« Manger bio ça ne sert à rien ».

« Ce n’est pas parce qu’un champ est bio que celui du voisin l’est aussi ».

« Et puis ça coûte un bras ».

Ces arguments sont (entre autres) avancés lorsqu’on aborde la question de l’agriculture biologique.

On préférerait vivre dans un monde où seuls les produits non biologiques seraient labellisés dans ce sens. Malheureusement ce n’est pas le cas. Alors pour pouvoir faire des choix avisés en terme de consommation, il est important d’avoir toutes les données en main.

Voici donc un tour d’horizon du « manger bio » : avec de multiples raisons de s’y convertir, dépassant largement la qualité de ce qu’on a dans l’assiette…


Merci à BioDemain pour son soutien dans le cadre de notre collaboration qui m’a permis de faire les recherches nécessaires à cet article.


Qu’est-ce que ça veut dire manger bio ?

Le bio a le vent en poupe. En 2021, plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques ! De fait, on retrouve des produits bio sur les marchés, au magasin bio, mais aussi dans les grandes surfaces (qui ont leur propre gamme bio) ou même dans les épiceries bio en ligne. On peut alors légitimement se demander si l’accroissement de la demande n’altère pas les principes fondamentaux de l’agriculture biologique. Et est-ce qu’il n’existe pas « bio » et « bio » ?

L’agriculture biologique

En réaction à l’avènement d’un modèle agrochimique, l’agriculture biologique émerge dans les années 1920. Grâce à des courants de pensées éthiques et écologiques, se façonne l’idée d’un mode alternatif de production agricole, préservant les écosystèmes et respectant les acteurs.trices du monde agricole. C’est surtout l’absence de pesticides de synthèse fabriqués en laboratoire qui réduit considérablement l’impact environnemental et sanitaire de l’agriculture bio.

Une nécessaire labellisation ?

Consommer « bio » est une alternative pour minimiser la présence des pesticides dans nos vies. Ceci étant dit, on comprend qu’il puisse exister de nombreuses manières de produire en agriculture biologique.

On peut en effet trouver près de chez soi un maraîcher qui cultive ses fruits et ses légumes de manière durable sans que son exploitation soit labellisée, cultiver son potager en permaculture, profiter d’un bout de balcon pour planter quelques légumes, ou encore faire ses achats à la ferme ou dans un marché de producteurs où ceux-ci nous auront expliqué travailler sans produits chimiques.

Mais pour encadrer le « bio » et le rendre accessible à tout le monde, la certification et la présence d’un label sont nécessaires. Ainsi, les premiers cahiers des charges (privés dans un premier temps) apparaissent dans les années 70. La « loi d’orientation agricole » de 1980 permet la reconnaissance de l’agriculture biologique par les pouvoirs publics. Le logo AB est créé en suivant. Aujourd’hui, il existe plusieurs labels et mentions au niveau national. Ils permettent de distinguer les produits issus de l’agriculture biologique, chacun ayant son propre cahier des charges. Le Label BIO (et sa déclinaison française AB), la mention Nature & Progrès (depuis  1964, une des mentions les plus exigeantes de l’UE), Demeter, une garantie privée pour les produits sur les principes de l’agriculture biodynamique et Bio Cohérence une garantie privée qui ne labellise que des produits déjà estampillés AB, mais avec des critères supplémentaires.

A noter que seuls les produits labellisés selon le cahier des charges définit par le règlement européens ont le droit de porter la mention « produits bio ».

Tous les « bio » se valent-ils ?

Manger des kiwis « bio » qui viennent de Nouvelle Zélande emballés dans du plastique alors que nous en produisons en local dans le Sud-Ouest de la France n’a pas de sens. De même, le bio industriel qui s’approvisionne à l’autre bout du monde et sur lequel les grandes surfaces font pression, pour toujours réduire les exigences, ne va pas dans le sens d’une agriculture durable. En tant que citoyen.ne.s et consom’acteur.trice.s nous avons un grand rôle à jouer sur la définition de l’agriculture biologique que l’on souhaite. Une agriculture sincère dans ses desseins, respectueuse de l’homme et de la nature et non pas une « bio » qui répond seulement à une tendance. Il est donc préférable de choisir des produits bio (ou en cours de conversion comme le propose BioDemain) issus de productions à taille humaine, fabriqués localement ou en France, en circuit court.

Manger bio ça sert à quelque chose : les 10 arguments imparables

66% de fruits et 45% des légumes issus de l’agriculture conventionnelle contiennent des pesticides

1. Protéger la santé de celles et ceux qui nous nourissent

En France, on utilise en moyenne 66 000 tonnes de pesticides chaque année. Cela représente un tiers des tonnages consommés en Europe faisant de la France le 2e marché européen. Les premiers impactés par cet usage sont les agriculteurs.trices, les viticulteurs.trices et toute personne manipulant les pesticides. Un rapport de l’Inserm « fait apparaître un lien fort entre l’exposition professionnelle aux pesticides et l’apparition de certaines maladies comme la maladie de Parkinson ou (…) le cancer de la prostate. »

2. Pour notre propre santé

Quant à nous, consommateurs.trices, même si nous y sommes exposé.e.s plus faiblement par l’alimentation, de nombreux pesticides sont considérés comme des perturbateurs endocriniens. Ce qui pose notamment question lors de la grossesse ou de l’enfance. D’autant plus que ce n’est pas forcément la dose qui fait le poison. C’est aussi sa répétition et son association avec d’autres substances. C’est le fameux effet « cocktail » dont on parlait dans notre article sur les micropolluants.

On m’a souvent avancé l’argument comme quoi manger bio ne voulait pas dire sans pesticides, parce qu’on ne connait pas les cultures voisines. A cela, j’ai trois éléments de réponses. 1/ ce n’est pas faux en soi, notamment par exemple parce que le label AB autorise les produits issus seulement à 95% de l’agriculture biologique 2/ en général les agriculteurs.trices engagés font en sorte de s’éloigner des pesticides 3/ je préfère que les produits chimiques soient dans le champ d’à côté que directement dans ma bouche…

30% d’eau en moins, des fruits et légumes plus riches en nutriments

3. Préserver le goût

Manger de saison permet de profiter de tous les bienfaits nutritionnels nécessaires à notre équilibre alimentaire et notre santé, et ce, en fonction des saisons. Et suivre la saisonnalité est au cœur des préoccupations de l’agriculture bio. De plus, de part les méthodes employées, manger bio c’est l’assurance d’une alimentation plus riche de 60% en antioxydants notamment.

4. Protéger la biodiversité

Le problème des pesticides, c’est qu’ils ne sont pas sélectifs dans la majorité des cas. Ainsi, en voulant traiter un « nuisible », c’est la nature dans son ensemble qu’on menace : insectes pollinisateurs (pourtant sentinelles de la biodiversité), fleurs, plantes ou insectes auxiliaires naturels de culture, oiseaux… L’utilisation des insecticides et pesticides impacte l’ensemble de la biodiversité et du vivant, nous compris.

Un tiers des oiseaux ont disparu en 15 ans

5. Assurer la santé des sols, des eaux et des milieux naturels

Par le labour profond, le désherbage systématique et l’utilisation d’engrais chimiques, l’agriculture conventionnelle a petit à petit entraîné l’appauvrissement des sols. Avec lui, c’est tout un système de microfaune qui se meurt aussi, pourtant vital à la bonne santé et la bonne fertilité des sols. Par ailleurs, l’agriculture conventionnelle est la première source de pollution des eaux en France. Selon UFC-Que Choisir« 450.000 consommateurs boivent une eau dépassant les normes maximales en pesticides et 148.000 une eau contaminée par les nitrates ». Et le traitement de cette eau contaminée pour la rendre potable a un coût : entre 640 et 1 140 millions d’euros par an. Pour mémoire, nous puisons notre eau potable dans les milieux naturels. Plus nous les préservons de la pollution, plus nous avons accès à une eau potable et une alimentation de qualité.

BioDemain : soutenir la transition vers l’agriculture biologique

Une entreprise française

Biodemain est un projet créé comme un outil permettant à chaque citoyen.n.e de contribuer à une agriculture plus durable. L’entreprise est partie du principe que les agricoles ne peuvent porter seul.e.s le poids de la transition vers l’agriculture biologique. Ils proposent ainsi aux consommateur.trice.s de les accompagner dans ce processus en achetant leurs produits (pas encore) bio. Pourquoi le projet est vraiment top :

Valoriser le travail de la terre. Je n’ai jamais compris comment le travail de ceux qui nous nourrissent pouvait être tant dénigré. Le projet permet de valoriser le travail des agriculteur.trice.s avec une juste rémunération et ce, jusqu’au bout de la conversion.

Une production française. BioDemain propose des produits cultivés et transformés en France. Cette production locale permet de créer de l’emploi, d’éviter au maximum les transports polluants et de dynamiser la filière bio.

Transparence. J’ai beaucoup aimé les petits portraits derrières les produits, le lien avec la terre d’origine et les agriculteur.trice.s qui l’ont cultivé.

Une entreprise engagée. En tant qu’Entreprise Sociale labellisée ESUS, la mission sociale et environnementale de BioDemain est inscrite dans les statuts. De plus, les bénéfices sont partagés avec toutes les parties prenantes.

6. Lutter contre le réchauffement climatique

Dans un rapport intitulé « Les sols : la face cachée du cycle climatique« , l’Union Européenne conclue que « mieux utiliser les sols peut permettre de garantir qu’ils jouent un rôle positif dans les efforts visant à réduire le changement climatique ». Dans ce sens, les parcelles en bio, plus riches en humus et avec une meilleure couverture végétale, permettent une meilleure séquestration du carbone dans le sol. Se tourner vers l’agriculture biologique permet donc d’augmenter la quantité de carbone stockée dans les sols.

Les engrais azotés rejettent un GES 300 fois plus puissant que le CO2

7. Mieux s’adapter au changement climatique

Les derniers rapports du GIEC sont clairs sur la nécessaire adaptation des populations pour vivre avec le changement climatique. Les épisodes climatiques seront plus forts et plus fréquents, que ce soit en terme de sécheresse ou de niveaux d’eau élevés et ce, partout dans le monde. Les sols biologiques possèdent une meilleure capacité de rétention de l’eau : ils permettent donc aux populations d’être plus résilientes en période de sécheresse (meilleur rendement que les sols conventionnels) ou en période d’inondations (meilleure protection contre l’érosion).

En agriculture conventionnelle, (on produit et) on utilise des engrais azotés qui rejettent du protoxyde d’azote, « un puissant gaz à effet de serre (GES) ayant un pouvoir de réchauffement global sur 100 ans 310 fois plus élevé qu’une masse équivalente de dioxyde de carbone ! ». L’utilisation d’engrais organiques permet au contraire de fixer l’azote dans le sol.

L’alimentation bio peut nourrir 9 milliards d’humains

9. Aider les agriculteurs à la conversion

Le principe du pollueur-payeur ne s’applique pas à l’agriculture. Ainsi, alors que ça devrait être la norme, basculer en biologique demande un investissement humain et financier de la part de celles et ceux qui en font le choix. La conversion d’une exploitation « en bio » est une étape éprouvante pour les agriculteurs et souvent un frein au changement. C’est une période qui dure entre 2 et 3 ans pour les cultures (et 6 mois à 1 an pour les animaux), les producteurs.trices subissent un baisse des rendements, une hausse des coûts de production, doivent faire de nouveaux investissements et apprennent un nouveau métier. Une période pendant laquelle, le cahier des charges du bio doit être respecté mais le label n’est pas encore applicable. Avec des projets comme Biodemain, on peut en tant que consom’acteur participer à la transition de l’agriculture et à soutenir celles et ceux qui nous nourrissent.

9. Soutenir l’agriculture durable

Les produits phytosanitaires sont un fléau pour la santé du vivant dans son ensemble. Les détracteurs du bio avancent souvent l’argument qu’une agriculture 100% bio ne pourrait pas nourrir la planète. Or, en réduisant le gaspillage alimentaire et notre consommation de produits animaux, des études montrent qu’un scénario agriculture 100% bio en 2050 est possible ! Et nous avons la possibilité d’y contribuer !

10. Manger bio ça peut ne pas coûter un bras

On reproche souvent au bio de coûter un bras. On est bien d’accord, basculer d’un caddie de grande surface (ou magasin « discount ») à un caddie équivalent en magasin bio fait exploser le budget. Comme pour de nombreux sujets dans la transition écologique, il faut également changer sa façon de concevoir les choses. Manger moins (de viande par exemple) mais de meilleure qualité permet d’équilibrer le budget. Enfin, acheter des produits bio au marché ou en direct producteur permet d’alléger sacrément la note. On peut aussi privilégier certains aliments en bio comme les fruits et légumes qui contiennent le plus de pesticides (raisin, clémentine/mandarine, cerise, fraises, céleris-branches, endives, laitues…).

Prêt.e.s à manger bio ?

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