Après Noël, le week-end de Pâques reste le temps fort de l’année pour les ventes de chocolat, représentant 20% des ventes annuelles. C’est en effet, souvent l’occasion de gâter petits (et grands) avec oeufs, lapins ou autres poules en chocolat.
Vous allez me dire, arrête, écoute, c’est une fois dans l’année. Sauf que la jovialité de la fête et le plaisir de « gâter » ne doit pas faire oublier que le chocolat n’apparait pas comme par magie enrubanné dans le jardin. Multipliée par le nombre que nous sommes, cette (sur) consommation a des impacts importants.
Mais loin de moi l’idée de faire la rabat-joie : bonne nouvelle, il est totalement possible de garder l’esprit festif en consommant MIEUX et surtout MOINS.
Voici quelques idées mises en pratique avec les enfants ces dernières années : pour faire rimer Pâques et écologie.
Zoom sur le chocolat
Les chiffres fous de Pâques
Lors des 3 jours du week-end de Pâques, on consomme en France l’équivalent de :
57 kilos de chocolat chaque seconde
soit 15.000 tonnes englouties, notamment sous forme d’oeufs de Pâques.
Pourquoi cela pose question ?
Parce que nous le consommons au quotidien de façon quasi automatique, nous en avons oublié que le chocolat est un produit « exotique » qui parcourt la planète pour arriver dans nos placards.
Pour être accessible au plus grand nombre, il est produit dans des conditions humaines et environnementales souvent désastreuses.
Ethique
La culture et la récolte du cacao nécessitent des techniques manuelles contraignantes. Ainsi, encore aujourd’hui, le secteur du cacao fait très souvent appel au travail des enfants esclaves et d’ouvriers payés moins de 2€ la journée. Notamment en Côte d’Ivoire, alors qu’en parallèle, six multinationales contrôlent 80% de la distribution et s’en mettent plein les poches. Seules les filières éthiques (1% de la production mondiale totale) garantissent une culture écologique et le respect des droits du travail et des droits de l’Homme
Déforestation
La culture du cacao est la première cause de déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana. Cette production met en danger les forêts et les parcs nationaux, catalysant ainsi le réchauffement climatique. Cette culture, pour satisfaire la demande mondiale, met également en danger les espèces animales, éléphants et chimpanzés, dont la vie dépend de ces habitats.
Empreinte eau
L’industrie du chocolat est également très gourmande en eau : un kilo de chocolat nécessite 17 196 litres au total pour sa fabrication soit l’équivalent de 3 400 litres pour produire une tablette.
Le vrai prix
En rendant son prix attractif, les ind ustriels font tout pour nous faire oublier que le chocolat est une denrée venant d’ailleurs. Dire que le chocolat équitable est accessible, n’est pas très honnête. Néanmoins, dans une logique de consommation raisonnable de ce produit, il est bien de tendre vers « moins mais mieux ». Réduire sa consommation de chocolat permet de l’acheter bio et équitable. On peut également le remplacer dès que possible par des fruits ou également par de la caroube, plus locale, dans les pâtisseries.
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5 idées pour consommer autrement le chocolat à Pâques
1. Moins mais mieux
Cette partie ne va certainement pas trop vous plaire : mais il faut tout d’abord réduire la quantité. Votre foie vous dira merci ! La surconsommation et la production à bas coût forment un tandem infernal : plus on consomme couramment, plus il faut produire à bas coût, moins c’est cher, plus on en consommer. Ainsi, à son échelle, il est possible de consommer autrement le chocolat :
- Réduire la quantité pour l’acheter de meilleure qualité
- Opter pour du chocolat noir, moins sucré il invite moins à en reprendre 😉
- Privilégier dès que possible le chocolat bio et surtout certifié équitable qui permet une rémunération plus juste des producteurs et des travailleurs
- Opter pour du chocolat en vrac, à la plaque, chez un artisan chocolatier
2. Ouvrir le dialogue avec l’entourage
C’est bon, vous avez géré ! Vous avez réussi à n’acheter que du « bon » chocolat, des petites fritures et autres petits oeufs que vous avez trouvé en vrac chez le chocolatier. Et voilà, que les grands-parents, le tonton et la tata débarquent avec la panoplie oeufs au chocolat dans la poule en chocolat, ou le calendrier maxi chocolat. Et ça peut mettre en rogne. Ainsi, comme pour les anniversaires, il est toujours utile d’ouvrir le dialogue en amont. Demander ce que les personnes ont prévu, ne pas hésiter à indiquer ce que vous avez prévu. Et quand les enfant sont en âge de se préoccuper du sujet, on les laisse aborder la question par eux-mêmes !
3. Trouver des alternatives sucrées au chocolat
A un moment donné on consommait, à mon goût, beaucoup trop de pâte à tartiner à la maison. C’était le réflexe number one au petit déjeuner. J’ai donc proposé qu’on essaie autre chose et j’ai arrêté d’en acheter systématiquement. Purées d’oléagineaux, miel et fruits secs se sont fait une place à la table. Et finalement, le réflexe tout chocolat a disparu. Idem pour les cookies dans lesquels, je ne mets pas systématiquement des pépites de chocolats. On déshabitue ainsi nos palais progressivement au chocolat. Pour Pâques, on peut proposer fruits secs, noix ou même mendiants aux fruits maison pour réduire la quantité de chocolats du commerce.
4. Des chasses aux oeufs originales
La chasse aux oeufs de Pâques est un joyeux moment familial : les adultes cachent les oeufs et les enfants se font une joie de les chercher. Afin de réduire la quantité de chocolat mais garder l’esprit du jeu, on peut trouver des règles de jeu différentes. Comme une chasse sous forme d’énigmes. Des lettres et des chiffres sont inscrits au feutre sur des cailloux qui sont ensuite cachés dans le jardin (ou la maison). L’enfant doit « craquer les codes » pour obtenir la ou les petites pochettes surprises associées. Ma fille avait adoré ce jeu ! J’avais glissé dans les pochettes des sucreries achetées en vrac : fritures en chocolat, petits oeufs pralinés mais aussi quelques bonbons et mendiants maison.
5. Remplacer par des petits cadeaux
L’idée étant de faire plaisir, on peut cacher et offrir d’autres choses comme des livres ou petits objets d’occasion. Et pourquoi pas aussi des « bons pour ». On glisse dans des coquilles d’oeufs vidées et lavées ou des oeufs en bois des petits bons « pour » manuscrits avec quelques friandises : bon pour une séance d’escalade, une séance ciné, une journée d’école buissonnière…