Maud Cavrois, créatrice de ManaMani, boutique zéro déchet en ligne, s’est prise au jeu et nous raconte, avec ses mots, son projet 🙂
Le choix du zéro déchet
C’est dans le Nord, à Lille, que j’ai grandi et fait mes études. Même si je n’y vis plus depuis longtemps, c’est toujours cette ville que j’appelle « Home ». Après une formation en droit, j’ai été juriste, j’ai fait du recrutement, je suis passée par les ressources humaines. Le tout avec intérêt mais sans véritable passion. Puis, nous sommes partis en expatriation en Corée du Sud d’abord, puis à Abu Dhabi et enfin à Rome. A Abu Dhabi, j’ai même travaillé 48h pour Total. Finalement, c’est peut-être pour cette raison que j’ai voulu me racheter pour la planète en engageant ma famille vers le zéro-déchet !
Notre déclic est venu en Italie mais prend certainement sa source dans tout ce que nous avons vécu aux Emirats Arabes Unis. Pas de tri, des grosses voitures très polluantes, de la climatisation jusque dans certains parkings et une vie qui tourne autour des centres commerciaux. Nous avons toujours aspiré à un mode de vie simple dans lequel le matériel ne prenait pas trop de place. Sauter dans le zéro-déchet nous a permis de concilier ce besoin de minimalisme et l’envie d’agir pour l’environnement.
Le projet de boutique zéro déchet
Le Kit carrés à démaquiller a été le premier produit imaginé pour la boutique zéro déchet Mana Mani car je n’arrivais pas à trouver un produit qui concilie cotons lavables, praticité, made in France et coquetterie. En effet, j’avais envie d’un produits compact, pratique pour un usage quotidien ou en voyage et local. Et enfin, il fallait qu’il soit joli car sauver la planète n’implique pas nécessairement de mettre l’esthétique de côté. Aujourd’hui, notre kit démaquillant Mana Mani est notre produit phare et nos clients nous recommandent pour ces mêmes raisons.
De fil en aiguille, les autres produits sont venus avec le même fil directeur : pratiques et jolis. Nous donnons par ailleurs un sens social à l’achat de nos clients car nous travaillons sur la confection textile exclusivement avec des ateliers d’insertion. Notre but est de contribuer à notre petite échelle à recréer une vraie compétence de confection textile en France.
A qui s’adresse les produits Mana mani ?
Nous aimons beaucoup parler de notre démarche de réduction de déchets. D’ailleurs si vous nous invitez à dîner, on parle tout le temps de notre poubelle. Cette démarche nous a rendu plus heureux. Elle nous a aidé à réfléchir à ce qu’on achète, aux conséquences de notre consommation et, derrière tout ça, à nous détacher de nombreux besoins. Et finalement, on a décidé de s’adresser à des personnes qui sont sensibles aux enjeux environnementaux et qui ont envie de se lancer.
C’est pour que ce premier pas soit le plus facile et agréable possible que nous cherchons à concevoir des produits à la fois pratiques et jolis. L’idée est de se lancer dans une démarche qui va finalement les amener plus loin que la simple idée de moins jeter.
Comment s’organise une journée type ?
La journée commence et se termine toujours avec nos deux enfants (2 ans et 4 ans). C’est notre priorité. Entre les deux, c’est l’apprentissage d’une start-up : parer à l’urgent, tenter d’anticiper les approvisionnements, préparer les commandes, instagram et facebook, répondre aux encouragements et aux demandes, passer du temps au téléphone.
Plutôt solo ou travail en équipe ?
En équipe !
Même si je gère seule pour l’instant l’ensemble de l’activité, je partage cette aventure avec mon mari au quotidien. Et je partage aussi avec nos ateliers de choc. J’ai la chance de travailler avec des femmes exceptionnelles qui, non seulement fabriquent avec talent les super produits Mana Mani mais qui ont également beaucoup de gentillesse et de soutien pour notre projet.
Quelles sont tes astuces ?
Je n’ai pas d’autre conseil à donner que de faire un geste à la fois. Ensuite, réduire ses déchets c’est aussi une autre façon d’aborder sa consommation, de gagner beaucoup de pouvoir d’achat. On remplace le matériel par de l’immatériel.
Pour le quotidien, j’ai trouvé beaucoup de bonnes choses dans le livre de Camille se Lance. (ndlr : nous aussi nous l’adorons)
Pour l’actualité, j’aime beaucoup suivre Usbek et Rica qui propose des analyses pertinentes sur notre société et ses enjeux. Cela permet de prendre du recul sur les évènements par rapport à tout ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux ou dans la presse quotidienne.
Pour le fond, je parle souvent du film « Demain » de Cyril Dion que nous avons regardé après notre déclic mais qui parle du défi environnemental par le biais de solutions et je me retrouve dans cette écologie d’opportunité de faire mieux. J’aimerais trouver le temps de lire ses livres très bientôt.
Et enfin, ta plus grande fierté ?
Je pense que je partage la même avec bon nombre de mes semblables : la première commande du premier client qu’on ne connaît pas est magique. Même si les proches peuvent apprécier nos produits, ils achètent aussi avec une petite envie de nous soutenir qui est essentielle quand on démarre. Mais lorsque la commande arrive sur le seul critère d’un produit qu’on a construit avec sa tête, ses mains et les doigts de fées de nos ateliers, c’est vraiment excitant.